Page:Loti - Prime Jeunesse, 1919.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fleurs, que notre longue cour n’avait pas cessé d’être, me parut adorable, et dès que je fus redescendu d’une joyeuse grimpade aux chambres du second étage où j’étais allé tendrement embrasser ma grand’mère et mes tantes, j’y revins pour m’asseoir à l’ombre sur le banc vert, près de mon petit bassin au rivage romantique. C’est alors que M. Souris, surnommé la Suprématie, s’approcha lentement de moi, non pas avec ces manifestations pétulantes des chiens qui retrouvent leur maître, mais avec cette discrétion, cette allure circonspecte qui sont toujours dans la manière des chats ; visiblement il se demandait : « Est-ce que nous ne nous sommes pas connus jadis, toi et moi ? Tu ressembles à l’enfant prodigue qui nous avait quittés depuis si longtemps : est-ce que par hasard tu serais lui, qui, après être allé se promener trop loin comme il m’arrive parfois, se serait perdu, mais nous revient ? » Et il sembla ravi quand je l’embrassai.

Cette paix, ce silence me reposaient et m’en-