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beau matin clair ! Mes parents et ma sœur étaient venus au-devant de moi, et, comme c’était ma première absence un peu longue, rien ne m’avait préparé à l’impression triste, — tant de fois éprouvée ensuite dans ma vie, — de les trouver vieillis. Maman, dans ses voiles noirs qu’elle ne voulait plus quitter, avait ses chères boucles bien plus grises que l’année dernière ; la notion de notre pauvreté nouvelle me fut aussi donnée dès l’abord, quand je reconnus, sur le chapeau que ma sœur portait ce matin-là, des fleurs et des plumes de l’un des derniers qu’avait eus ma mère avant son deuil.

Paris ne m’avait ni émerveillé, ni étonné ; non, mais ce fut mon petit Rochefort qui m’étonna beaucoup ; je me le rappelais autrement, je n’en revenais plus de voir ses maisonnettes si basses et ses rues si tranquilles, avec cet air de village. Mon retour à la maison familiale m’emplit d’une émotion à la fois poignante et douce ; cette avenue de feuilles et de