par le soleil méridien, et je faisais lever quantité de papillons, les uns aux larges ailes noires, les autres tout petits d’un bleu céleste… C’était ainsi que je m’étais imaginé les campagnes de la Gaule primitive, aux étés d’autrefois, au temps de ces Druides, dont j’allais parfois visiter avec Lucette les autels d’énormes pierres, restés dans un bois du voisinage[1]. J’étais en proie à ce sentiment elmique, dans lequel les Druides devaient bien entrer pour leur part. Jamais encore je ne m’étais senti si près de cet être ou de cette chose que je n’ai jamais su définir ; je cédais tout entier à la fascination et à la terreur de sa présence ; mais qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Était-ce simplement ce que les Latins appelaient Horror nemorum ? Je ne le crois pas, puisque dans d’autres bois bien plus profonds que ceux-ci, je n’ai jamais éprouvé rien de pareil. Non, le sentiment elmique a jeté sur ce coin de terre un charme que lui seul possède et que je suis seul à comprendre…
Dans cette clairière enchantée il me semblait en outre que j’avais pénétré comme un intrus, à une heure défendue, dans un sanctuaire, que j’avais violé le
- ↑ Dans ce journal d’enfant, textuellement cité, je n’ai pas cru nécessaire de modifier les notions que l’on avait alors sur ce que l’on appelait les pierres druidiques.