Page:Loti - Prime Jeunesse, 1919.djvu/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’avais aussi mon piano, qui m’était une diversion précieuse. On m’avait confié à un excellent professeur qui, s’intéressant à ce qu’il appelait ma « qualité de son », m’apprenait surtout à faire chanter mes doigts. J’avais conscience de mes progrès, et la seule joie qu’ils me causaient était de songer : dans un avenir de quelques mois, qui finira bien tout de même par arriver, comme est arrivé le fameux mercredi soir prophétisé par tante Claire, je me retrouverai à Rochefort dans notre salon conservé avec tant de peine ; ce sera aux grandes chaleurs de juillet, on l’aura maintenu dans son habituelle pénombre de l’été qui le rend plus sonore ; j’y ferai venir maman auprès de moi, nous deux tout seuls ; je lui jouerai mes nouveaux morceaux à ma nouvelle manière, et combien elle va être charmée !…