Page:Loti - Prime Jeunesse, 1919.djvu/196

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ma vie, qui forme, hélas ! aujourd’hui plus de deux cents volumes… Cependant, je n’y notais encore presque jamais des choses journalières qui m’intéressaient trop peu, mais seulement des choses d’autrefois, pour les empêcher de me fuir tout à fait, et la place que j’y donnais à la Limoise prouve l’importance du rôle que ce coin du monde a joué dans mon enfance.

Pauvre petit cahier, d’une légèreté à peine pondérable, qui pendant quelques années voyagea avec moi sur les mers, si soigneusement caché sous d’étranges bibelots, sous des oiseaux empaillés ou des amulettes de sauvages, dans des caisses en bois des îles faites par mes matelots, pauvre petit cahier, il est devenu très difficile à déchiffrer ; l’encre a jauni, tout s’enchevêtre à cause de la transparence des feuilles et, par places, beaucoup de ma cryptographie première manière s’y retrouve encore.

Voici textuellement un des chapitres du début :