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jamais je n’avais connu chez nous autant de guêpes et d’abeilles.

Mes malles furent vite prêtes ; mon trousseau, d’enfant presque pauvre, se composait surtout de costumes soigneusement réparés et agrandis ; comme objets très précieux, j’emportais les dernières lettres de Lucette, les dernières lettres de mon frère et sa Bible revenue d’Indo-Chine, sur laquelle ma mère venait d’ajouter pour moi :


« Sois, mon enfant chéri, le fidèle dépositaire de ce si précieux souvenir et n’oublie pas un instant le rendez-vous que nous a donné notre bienheureux Georges en laissant cette vie. Veuille, ô mon Dieu, qu’aucun de mes bien-aimés n’y manque, et que je m’y trouve aussi avec eux.

»  NADINE V. »
9 octobre 1861.


Le cœur serré comme s’il se fût agi d’un départ éternel, je fis mes adieux à notre cour