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enfants, qui avait jadis présidé à mes premiers sommeils ; la douce incantation qui la priait de venir n’aurait donc pas dû me sembler triste ; cependant mon cœur s’endeuilla peu à peu en l’écoutant, à cause de ce silence, de ce chaud et presque morbide soleil, surtout de ce très proche départ ; la vieille terrasse me semblait prête à s’endormir comme la toute petite fille que l’on berçait, et pour moi la chanson lente qui planait comme craintivement au-dessus de nous cessa bientôt d’être une berceuse pour devenir une sorte d’élégie, le dernier chant, eût-on dit, le chant de mort de tout mon cher passé, de mon enfance qui décidément allait finir, et, quand je sortis de derrière les branches pour aller me jeter dans les bras de maman, je n’étais pas loin de pleurer.