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Je m’arrêtai un moment pour écouter, immobile, et puis je contournai tout doucement la vieille maison pour me rapprocher de la bien-aimée chanteuse ; je l’aperçus à travers des branches sans qu’elle se doutât de mon arrivée, et je m’arrêtai encore pour la regarder. Elle berçait sa petite-fille, le bébé de ma sœur, et faisait les cent pas très lentement, dans une allée étroite, au bord de la terrasse aux grosses pierres anciennes rongées de lichen et de mousse ; sur son passage, les corcorus qui tapissaient la lourde muraille la frôlaient un peu de leurs branchettes terminées par leurs fleurs en houppes de soie jaune, et les abeilles, les guêpes qui s’empressaient à faire leurs provisions d’automne, accompagnaient son chant comme d’un discret murmure d’orgue d’église.


Passe la Dormette,
Passe vers chez nous…


Cette Dormette de midi, que la voix appelait, était la même petite fée, bienfaisante aux