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La campagne, où les vendanges venaient de finir, était ensoleillée et déserte. La vieille Limoise, qui allait bientôt se fermer pour un hiver de plus, dormait tranquillement auprès de ses bois centenaires ; les chênes à feuilles annuelles avaient déjà des chevelures jaunies, tandis que les chênes-verts, qui ressemblent à de grands oliviers, découpaient, sur le ciel nostalgique des fins d’été, les masses sombres de leur inaltérable verdure. Tante Eugénie vint me conduire le soir, avec la petite Jeanne, jusqu’au tournant du chemin qui mène au village d’Échillais, et me dit, en m’embrassant pour l’adieu : « Allons, c’est fini, fini de tes jeudis de Limoise… Et, tu sais, mon pauvre enfant, ajouta-t-elle, les larmes aux yeux, pour toi le bon temps est passé, dame ! » Hélas ! oui, et je ne le savais déjà que trop !…