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ma grand’tante Berthe, vers 1805 ; — ensuite je fis sortir par pitié ces quelques guêpes et abeilles visiteuses, pour ne pas les ensevelir vivantes, et ce fut l’heure de fermer les yeux de mon « musée » (sa fenêtre, que personne ne rouvrirait plus jusqu’à mon retour). Quand de là-haut je regardai les lointains familiers pour leur dire adieu, tout commençait déjà de s’illuminer des rayons rouges du soir ; je me rappelle qu’à cet instant-là justement, sur la rivière à peine indiquée au milieu des prairies, passait une frégate, une belle frégate annoncée depuis le matin, qui revenait « des colonies », — et sa vue apporta l’utile diversion à ma tristesse en faisant tout à coup dévier ma pensée vers un avenir probable de voyages et d’aventures… Un dernier regard aux coquillages, classés bien en ordre dans leurs casiers, un dernier regard au papillon « citron-aurore » du domaine de Borie, dont l’éclat jaune était mis en valeur par les merveilleux grands papillons bleus de la Guyane, ses voisins de vi-