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l’île, et je le jugeai digne de recevoir tout cela dans ses flancs vieillots. Mais il me parut urgent d’en faire d’abord le scrupuleux nettoyage et de coller sur ses étagères, dans ses tiroirs, le plus impeccable papier blanc. Tante Claire, bien entendu, était montée pour m’assister, comme dans toutes mes entreprises, et, sentant que le si proche départ pour Paris jetait pour moi de l’angoisse sur ces puériles installations, elle cherchait de son mieux à me consoler.

Ce Paris, elle l’avait plusieurs fois habité avant ma naissance, chez son oncle, frère de ma grand’mère, qui y était receveur de l’enregistrement ; plus tard elle y était souvent revenue pour accompagner ma sœur pendant ses périodes d’étude à l’atelier du peintre Léon Cognet, et je voyais bien qu’elle ne le détestait pas. — « Tu as tort d’en faire fi, — me disait-elle, tout en manœuvrant le pinceau pour enduire de colle les feuilles et les bandelettes blanches qu’elle me faisait passer à