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XXIX

Quand je revins à la maison, le soir, quelque chose était à jamais changé en moi, bien que je fusse toujours, en apparence, le même enfant timide. Je marchais sans rien voir, absorbé dans un souvenir unique. J’avais honte, en même temps que j’éprouvais une sorte de fierté nouvelle, avec une envie de conter à ceux que je rencontrais en chemin ma belle aventure enivrante. Au dîner, dans la modeste petite salle à manger dont les fenêtres étaient grandes ouvertes sur le parterre follement fleuri, j’étais gêné par le regard de