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à Paris, car des parents que nous avions là avaient offert de se charger de moi jusqu’à mon entrée à l’École de Brest, et il avait fallu accepter.

Dès le lendemain matin, je n’eus plus d’autre idée que de partir au plus vite pour Fontbruant où m’attendaient mon beau-frère et ma sœur, et de reprendre là ma vie de grand air et mes rêveries en forêt ; dans le courant des vacances, j’aurais bien le temps de retourner à Rochefort pour faire moi-même mon douloureux petit déménagement auquel j’attachais une importance extrême. On me laissa partir, bien que mon bagage ne fût pas prêt ; il y avait un vague bateau-mouche qui chaque jour appareillait vers deux heures pour remonter la Charente et qui me déposerait à Saint-Savinien, d’où je n’aurais plus qu’une dizaine de kilomètres à faire pour atteindre à pied Fontbruant, par des routes ombragées. Ce fut la voie que, par économie, mes parents choisirent, m’im-