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deux ou trois ans plus tôt qu’à Polytechnique.

Ah !… Enfin !… Je reçus toutefois la nouvelle sans broncher, tant j’étais depuis longtemps convaincu que cela finirait ainsi, puisque je l’avais si bien décidé en moi-même. Pourtant un petit frisson, moitié de joie moitié de terreur, me passa de la tête aux pieds, en présence de cet avenir de voyages et d’aventures qui pour tout de bon venait de m’être ouvert.

— Dis-leur, répondis-je, dis-leur que oui, bien entendu, je le désire toujours ; dès demain s’ils le veulent, je suis prêt à entrer dans le cours de Marine.

— Alors soit, et à la grâce de Dieu, mon chéri !

Après m’avoir embrassé presque solennellement, elle s’en alla, au froufrou excessif de sa pauvre belle robe reteinte, dont l’étoffe sans doute avait été trop raidie par l’apprêt.

Quand elle fut partie, je repris l’Orage de Steibelt, par crânerie, pour faire comme si de