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compagnement ne m’atteignit guère davantage ; non, ce qui me toucha surtout, ce fut de renoncer à l’équitation et à mes courses sur les routes en compagnie des piqueurs du dressage. Il me restait mon théâtre de Peau d’Âne qui ne coûtait pas d’argent ; bien que ce fût très enfantin pour un « philosophe », je continuai de m’y adonner beaucoup, pour me distraire de mes cruelles angoisses, matérialisant ainsi en des décors toujours plus habiles, mes petits rêves de magnificence, de palais, de palmiers et de soleil.

Ai-je besoin de dire que la philosophie, la pauvre philosophie humaine, telle surtout qu’on nous l’enseignait alors, ne m’intéressait pas ? J’en eus vite sondé la pitoyable inanité. Celle d’Auguste Comte, qui commençait d’entrer dans le programme scolaire, m’arrêta un moment toutefois ; elle me fit mal par son côté desséchant et porta un des premiers coups profonds à mon mysticisme chrétien. De même, la si lapidaire strophe du « Lac » qui me reve-