Page:Loti - Prime Jeunesse, 1919.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

découvertes de bizarres et exquises petites plantes qu’elle enlevait avec leurs racines pour les rapporter chez nous, et toute notre cour se parait par ses soins d’une végétation très agreste. Les plus fragiles capillaires, aux tiges fines comme du crin noir, les capillaires les plus capricieux, qui d’habitude ne poussent qu’aux endroits de leur fantaisie, elle seule trouvait par miracle le moyen de les acclimater sur les bords de mon bassin, à ma grande joie, — et aujourd’hui encore je fais soigner et je vénère certain nénuphar à fleur blanche du marécage de Fontbruant, qui fut installé par elle au fond de mon petit lac sacré, il y a déjà, hélas ! plus d’un demi-siècle !… Pauvre nénuphar, toujours solitaire et captif, il a pris rang parmi mes reliques, — ridiculement trop nombreuses, je le sais bien, — en compagnie d’un diclytra qui fut également planté par la main de tante Claire quand j’étais petit enfant et qui, dès que reviennent les tiédeurs de mars, ne manque jamais de