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sais de délicieuses fins de soirées d’été, accoudé sur la pierre massive et fruste de l’appui, écoutant venir à moi le silence ou les bruissements intimes de la forêt de chênes.

Quant à une vaste pièce du rez-de-chaussée que, pour nous amuser, nous appelions le « grand salon », on avait décidé de ne même pas la meubler du tout : quelques chaises de paille, des tables de bois blanc sur lesquelles étaient drapés des cachemires d’aïeules, un grand vase où trempaient toujours des fleurs en gerbes délicieuses, rien de plus, et il était aimable quand même, ce « salon », avec sa large porte, vitrée de petits carreaux à la mode ancienne, par où l’on apercevait, à travers les branches des jasmins et des corcorus de la terrasse, le gai va-et-vient campagnard de la route, les carrioles et les troupeaux. L’épaisseur de ses murailles un peu déjetées, les énormes poutres de son plafond attestaient son grand âge. Sur quelques chevalets, des tableaux, des portraits commencés lui donnaient