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grands papillons à reflet de métal bleu, qui n’avaient plus guère qu’un mois à vivre, s’attardaient posés sur les pampres roussis, pour se pâmer de chaleur et de soleil avant de mourir.

Pendant ce temps-là, ma lettre solennelle cheminait vers l’Extrême Asie, adressée à mon frère, à l’île de Poulo-Condor. Jugeant que le sort en était jeté, et que cela se ferait puisque je l’avais voulu, je n’y pensais plus ; je me livrais aux plus enfantines fantaisies avec les petits Peyral, et, en attendant la fête des vendanges, nous nous grisions tous ensemble de raisins de vigne, comme les guêpes en automne.

J’allais souvent aussi faire de longues promenades dans la montagne en compagnie de ma sœur et de notre grand cousin. Nous ne manquions jamais d’ailleurs d’en rapporter des gerbes de ces délicieuses fleurs sauvages qui abondent dans ce pays en septembre, — et c’était pour composer de hauts bouquets d’une forme un peu surannée qui allaient rejoindre ceux de la veille ou de l’avant-veille dans des