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XVII

Il est étrange que cette mort de Lucette ait laissé sur moi une empreinte que rien n’a pu effacer jusqu’à ce jour, mais une empreinte qui porte spécialement sur mes songes de la nuit. Cela s’estompe un peu depuis que j’approche du déclin de la vie, mais, pendant plusieurs années, je n’ai guère connu de semaine sans qu’un rêve vînt me la montrer encore vivante, — il est vrai, d’une vie incomplète et fragile. Il est presque inchangeable, ce rêve-là ; c’est chaque fois à travers une pénombre sinistre que j’arrive à sa maison, où sa mère, après m’avoir fait un signe de mystère et de silence, me conduit à une chambre d’en haut, et, en