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de sapin par lequel finissent tous les habillements terrestres…

— Allons, quand vous voudrez, alors ; mais ne vous gênez pas, la belle, vous savez…

Il lui avait déjà fait cette même facétie plusieurs fois. Et aujourd’hui elle avait peine à en rire : c’est qu’elle se sentait plus fatiguée, plus cassée par sa vie de labeur incessant, — et elle songeait à son cher petit-fils, son dernier, qui, à son retour d’Islande, allait partir pour le service. — Cinq années !… S’en aller en Chine peut-être, à la guerre !… Serait-elle bien là, quand il reviendrait ? — Une angoisse la prenait à cette pensée… Non, décidément, elle n’était pas si gaie qu’elle en avait l’air, cette pauvre vieille, et voici que sa figure se contractait horriblement comme pour pleurer.

C’était donc possible cela, c’était donc vrai, qu’on allait bientôt le lui enlever, ce dernier petit-fils… Hélas ! mourir peut-être toute seule, sans l’avoir revu… On avait bien fait quelques démarches (des messieurs de la ville qu’elle connaissait) pour l’empêcher de partir, comme soutien d’une grand’mère presque indigente qui ne pourrait bientôt plus travailler. Cela n’avait pas réussi, —