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Petit Pierre, que nous tenons par la main, marche maintenant comme un homme. Il n’avait encore rien dit, un peu saisi de me revoir ; mais le voilà qui cause ; il lève vers moi sa figure ronde et me regarde déjà comme quelqu’un d’ami à qui on fait part de ses réflexions. Petite voix douce que je n’ai pas encore beaucoup entendue. Comme il a l’accent de Bretagne !

— Parrain, tu m’as apporté mon mouton ?

Heureusement je m’étais rappelé cette promesse de l’an dernier ; il était dans ma malle, ce mouton à roulettes, pour mon petit Pierre. Et j’apportais aussi des flambeaux, ayant des figures de perruches de France, que j’avais promis à mon autre grand enfant, — Yves.

Voici la maison, gaie et blanche, toute neuve, avec ses entourages de fenêtres en granit breton, ses auvents verts, son grenier à lucarne, et, derrière, l’horizon des bois.

Nous entrons. En bas, dans la cuisine à grande cheminée, Marie et la petite Corentine nous attendent.

Mais tout de suite, Yves me prie de monter, car il a hâte de me faire voir le haut, leur belle chambre