Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/380

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

liques. La mer unie est d’un bleu pâle, l’air salin est frais et sent le varech ; il y a sur toute chose comme un voile de brumes bleuâtres, très transparentes et très ténues.

À huit heures du matin, doublé la pointe de Penmarc’h. Les granits celtiques, les grandes falaises tristes peu à peu se dessinent et s’approchent.

Maintenant ce sont de vrais bancs de brumes, — mais très légers, brumes d’été, — qui se reposent partout sur les lointains de l’horizon.

À une heure, la passe des Toulinguets, et puis nous entrons à Brest.

19 mai. — Permission de huit jours. À midi, je suis en chemin de fer, en route pour Toulven.

Pluie tout le long du chemin sur les campagnes bretonnes. Dans les prés, dans les vallées ombreuses, tout est plein d’eau.

De Bannalec à Toulven, une heure de voiture à travers les bois. Le regard fixé en avant, je cherche la flèche en granit de l’église au fond de l’horizon vert.

La voilà qui paraît, reflétée profondément, en dessous, dans l’étang morne. Le beau temps est revenu avec un pâle ciel bleu.