Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beaucoup. Pourtant je trouve très drôle que j’aie peur des revenants, et je croirais assez, frère, que vous en avez peur aussi.

» Je vous demande bien pardon de la feuille sale que je vous envoie, mais ce n’est pas tout à fait moi la cause ; vous comprenez, je n’ai plus votre bureau à présent pour faire mes lettres dessus comme un officier. Je vous écrivais assez tranquille à la fin de mon quart de nuit sur les caissons de l’avant, et alors l’idiot de Le Hir m’a chaviré ma bougie. Je n’ai pas le temps de faire ma petite écriture à ma façon comme je fais quelquefois, vous savez, celle que vous trouvez jolie. J’écris à courir, et je vous demande bien pardon.

» Nous partons demain matin, dès le jour, pour ces pays du Japon ; mais je vous ferai parvenir ma lettre par le pilote qui viendra nous mettre dehors. Je termine en vous embrassant bien des fois de tout mon cœur.

» Votre frère,
» YVES KERMADEC. »

« Cher frère, je ne puis dire combien je vous aime.

» YVES. »