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Il s’appelait le Navarin ; on y embarqua aussi tous les hommes de notre bord qui avaient fini leur temps de service : entre autres, Barrada, qui s’en allait à Bordeaux, avec sa ceinture garnie d’or, épouser sa petite fiancée espagnole.

Très brusquement, comme toujours, je dis adieu à Yves, le recommandant encore une fois à tous, et je partis pour la France par la grande route du cap Horn.

XCV

20 octobre 1882.

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Je me souviens de ce jour passé en Bretagne. Nous trois, courant sous le ciel gris, dans ces bois de Toulven, Marie, Anne et moi.

Ma tête encore toute pleine de soleil et de mer bleue, et cette Bretagne revue tout à coup et si vite pour quelques heures, absolument comme dans les rêves que nous en faisions à la mer… Il me semblait comprendre son charme pour la première fois.

Et Yves resté là-bas, lui, dans le Grand-Océan.