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de bras. Ils se dépêchaient, s’en jetant dans les jambes, dans le dos, tout éclaboussés, tout ruisselants, chavirant tout pour tout laver ; ensuite, usant le pont, déjà très blanc, avec du sable, des frottes, des grattes, pour le blanchir encore.

On les interrompait pour les envoyer sur les vergues faire quelque manœuvre du matin, larguer le ris de chasse ou rectifier la voilure ; alors ils se vêtaient à la hâte, par convenance, avant de monter, et exécutaient vite cette manœuvre commandée, pressés de revenir en bas s’amuser dans l’eau.

À ce métier, les bras se faisaient forts et les poitrines bombées ; il arrivait même que les pieds, par habitude de grimper nus, devenaient un peu prenants, comme ceux des singes.

Vers huit heures, ce lavage devait finir, à un certain roulement de tambour. Alors, pendant que l’ardent soleil séchait très vite toutes ces choses qu’ils avaient mouillées, eux commençaient à fourbir ; les cuivres, les ferrures, même les simples boucles, devaient briller clair comme des miroirs. Chacun se mettait à la petite poulie, au petit objet, dont la toilette lui était particulièrement