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main. Un peu timide, se sentant triste, ayant une vague frayeur de toutes ces femmes, elle laisse passer les plus pressées, et se tient contre le mur, du côté où la pluie ne donne pas.

— Entrez donc, ma petite dame, au lieu de faire mouiller comme cela ce joli petit garçon.

C’est madame Pétavin qui vient d’apparaître sur sa porte, très souriante :

— Faut-il vous servir quelque chose ? Un peu de doux ?

— Oh ! merci, madame, je ne bois pas, répond Marie, qui, voyant le cabaret encore vide, est entrée tout de même, de peur de faire enrhumer son petit Pierre. — Mais si je vous gêne, madame…

Assurément non, elle ne gênait pas du tout madame Pétavin, qui avait l’âme bonne et qui la fit asseoir.

Voici madame Quémeneur et madame Kerdoncuff, les premières payées, qui entrent, ferment leur parapluie, et prennent place.

— Madame ! madame ! mettez un quart dans deux verres, aussi donc !

Inutile de dire un quart de quoi : c’est d’eau-de-vie très raide qu’il s’agit.