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En mer, à bord du Primauguet, 23 avril 1882.
» Chère épouse,

« je t’écris ces quelques mots à l’avance aujourd’hui, dans la chambre de M. Pierre. Je les mettrai à la poste le mois prochain, quand nous toucherons aux îles Hawaï (un pays… je suis sûr, que tu ne sais pas trop où il se trouve).

» C’est pour te dire que j’ai repris mes galons aujourd’hui, et que tu peux être tranquille, ils ne repartiront plus ; je les ai cousus solides à présent.

» Chère épouse, cela me prouve pourtant qu’il n’y a que juste six mois passés depuis notre départ, et alors nous ne sommes pas encore près de nous revoir. — Pour moi, j’aurais pourtant déjà très hâte d’aller faire un tour à Toulven, pour te donner la main à installer notre maison ; et encore, ce n’est pas tout à fait pour cela, tu penses, mais c’est surtout pour rester quelque temps avec toi, et voir notre petit Pierre courir un peu. Il faudra bien qu’on me donne une grande permission quand nous reviendrons, au moins quinze ou vingt jours ; peut-être même que je n’aurai