Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bleu déploie son cercle parfait. L’étendue brille et miroite sous le soleil éternel.

Yves est là, seul, porté très haut dans l’air, par quelque chose qui oscille légèrement ; il passe, dans sa hune.

Il regarde, sans voir, le cercle sans limite ; il est comme fatigué d’espace et de lumière. Ses yeux atones s’arrêtent au hasard, car, partout, tout est pareil.

Partout, tout est pareil… C’est la grande splendeur inconsciente et aveugle des choses que les hommes croient faites pour eux. À la surface des eaux courent des souffles vivifiants que personne ne respire ; la chaleur et la lumière sont répandues sans mesure ; toutes les sources de la vie sont ouvertes sur les solitudes silencieuses de la mer et les font étrangement resplendir.

… L’étendue brille et miroite sous le soleil éternel. Le grand flamboiement de midi tombe dans le désert bleu comme une magnificence inutile et perdue.

Maintenant, Yves croit distinguer là-bas une traînée moins bleue, et il y concentre son attention, égarée tout à l’heure dans la monotonie étince-