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» Cher frère, vous me dites de penser à vous souvent ; mais je vous jure qu’il ne se passe pas d’heure sans que je manque d’y penser, et même plusieurs fois par heure. Du reste, maintenant, vous comprenez, je n’ai plus personne avec qui causer le soir, — et ma blague n’est plus souvent pleine.

» Je ne puis vous dire le jour de notre partance, mais je vous prie de m’écrire à Oran. On dit que nous serons payés à Oran, pour pouvoir aller à terre et acheter du tabac.

» Je termine, cher frère, en vous embrassant de tout mon cœur.

» Votre frère tout dévoué qui vous aime,

» À vous pour la vie,
» YVES KERMADEC. »


« P.-S. — Si j’ai beaucoup d’argent à Oran, je ferai une très grande provision de tabac, et surtout pour vous, de celui qui est pareil au tabac des Turcs et que vous aimez bien fumer.

» Le major m’a remis pour vous une serviette, la dernière qui vous avait servi à table. Je l’ai lavée, ça fait que je l’ai un peu déchirée.