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pendant l’éclaircie, la Sèvre met le cap sur Brest, ne sifflant plus, se hâtant, avec un grand espoir d’arriver. Mais le rideau lentement se referme et retombe. On n’y voit plus, la nuit vient, il faut remettre le cap au large.

Et trois jours se passent ainsi sans plus rien voir. Les yeux se fatiguent à veiller.

C’est ma dernière traversée sur cette Sèvre, que je dois quitter aussitôt notre retour à Brest. Yves, avec ses idées de Breton, voit quelque chose de pas naturel dans cette brume, qui persiste en plein été comme pour retarder mon départ.

Cela lui semble un avertissement et un mauvais présage.

LXXIII

Brest, 9 juillet 1881.

Nous venons d’arriver tout de même, et c’est mon dernier jour de garde à bord ; je débarque demain.

Nous sommes dans ce fond du port de Brest, où notre Sèvre revient de temps en temps s’immobili-