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D’abord nous essayons, Yves et moi, de calmer ces trois matelots et de les faire s’asseoir.

Et puis nous trouvons drôle de nous voir, nous, leur faire ce sermon.

— Après tout, dis-je à Yves, nous en avons bien fait d’autres.

— Ah ! oui, bien sûr, répond-il avec conviction.

Et nous nous contentons de tendre nos bras entre les montants de fer pour les empêcher de tomber.

… Et les routes, les villages sont tout remplis de gens qui reviennent de ce pardon, et tous ces gens s’ébahissent de voir passer cet équipage de fous, et ces trois matelots dansant sur cette voiture.

La splendeur de juin jette sur toute cette Bretagne son charme et sa vie ; la brise est douce et tiède sous le ciel gris ; les hauts foins, tout pleins de fleurs roses ; les arbres, d’un vert d’émeraude, remplis de hannetons.

Et les trois matelots dansent toujours en chantant, et, à chaque couplet, les autres, dans l’intérieur, reprennent le refrain :


Il est parti vent arrière,
Il reviendra en louvoyant.