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J’en ai une vraie fatigue, de ce travail et de cette tension d’esprit ; je suis très étonné de moi-même et je les vois tous émerveillés de ma prévoyance et de mon économie ! C’est inouï les choses que ces bonnes gens me font faire.

Enfin c’est signé, parafé. On boit du cidre, en se serrant la main à la ronde. Et voilà Yves propriétaire en Toulven. Ils ont l’air si heureux, Marie et lui, que je ne regrette pas ma peine, pour sûr.

Les deux bonnes vieilles font leur révérence définitive, et tous les autres, même petit Pierre, qui n’a pas voulu se coucher, viennent, par la belle nuit qu’il fait, me reconduire, au clair de lune, jusqu’à l’auberge.


Toulven, 1er mai 1881.

Nous sommes très affairés dès le matin, Yves et moi, aidés du vieux Corentin Keremenen, à mesurer avec une corde le terrain à acquérir.

D’abord il a fallu en faire le choix, et cela nous a pris toute la matinée d’hier. Pour Yves, c’était là une question très sérieuse, arrêter l’emplacement de cette petite maison, où il entrevoit, au fond d’un