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des hardes, puis, tout au fond, prennent un petit sac qui paraît lourd. Ensuite ils vont à leur lit, retournent la paillasse et cherchent dessous : un second sac !

Ils les vident sur la table, devant leur fils Yves, et on voit paraître toutes ces belles pièces d’or et d’argent, marquées d’effigies anciennes, qui, depuis un demi-siècle, s’étaient amassées une à une et dormaient. On les compte par petits tas : ce sont les deux mille francs promis.

Maintenant c’est le tour de la vieille tante, qui se lève et vient vider un troisième petit sac : encore mille francs d’or.

La vieille voisine s’avance la dernière ; elle en apporte cinq cents dans un pied de bas. Tout cela, c’est pour prêter à Yves, tout cela s’entasse devant lui. Il signe deux petits reçus sur du papier blanc et les remet aux vieilles prêteuses qui font leur révérence pour partir, et que l’on retient, comme l’usage le commande, pour boire un verre de cidre avec nous.

C’est fini. Tout cela s’est passé sans notaire, sans acte, sans discussion, avec une confiance et une honnêteté qui sont choses à Toulven.