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Et Yves, très inquiet, le voyant baisser la tête et regarder en dessous, les cheveux dans les yeux :

— Moi, je trouve qu’il a un air… qu’il a un air… sournois !

Et il me regarde anxieux de savoir ce que j’en pense, concevant déjà une préoccupation grave pour l’avenir.

Il n’y a au monde que mon cher Yves pour avoir des frayeurs aussi drôles. Je fais sauter petit Pierre, qui alors se réveille pour tout de bon et éclate de rire, ses beaux grands yeux bien ouverts entre leurs longs cils. Yves se rassure et trouve qu’en effet il n’a plus la mine du tout sournoise.

Quand sa mère le met tout nu, il ressemble aux bébés classiques, aux statues grecques de l’amour.

LXX

Toulven, 30 avril.

Ceci se passe dans la chaumière des vieux Keremenen, à la tombée de la nuit, un soir d’avril. Nous sommes toute une bande qui rentrons de la prome-