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LXV

Au sortir de Paimpol, Marie est remontée avec son fils dans la diligence, qui s’ébranle et les emmène. Par la portière, elle regarde sa belle-mère, qui est tout de même venue de Plouherzel les conduire jusqu’à la ville, mais qui leur a dit un bonjour glacial, un bonjour bref à faire mal au cœur.

Elle la regarde, et elle ne comprend plus : la voilà qui court maintenant, qui court après la voiture, — et puis sa figure qui change, qui leur fait comme une grimace. Qu’est-ce qu’elle leur veut ? Et Marie regarde presque effrayée. Elle grimace toujours. Ah !… C’est qu’elle pleure ! Ses pauvres traits se contractent tout à fait, et voici les larmes qui coulent… Elles se comprennent maintenant toutes les deux.

— Pour l’amour de Dieu ! Faites arrêter la voiture, monsieur, dit Marie à un Islandais qui est assis près d’elle, et qui a compris, lui aussi ; car il passe son bras au travers du petit carreau de devant et tire le conducteur par sa manche.