Page:Loti - Mon frère Yves, 1893.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’une heure à l’autre, à une de ces destinations-là.

La semaine qui suivit fut une de ces périodes agitées comme on en traverse souvent dans les existences maritimes : vivre en camp volant à l’hôtel dans le désordre des malles à moitié défaites, ignorant la route qu’on prendra demain ; s’occuper d’une quantité de choses, service au port et préparatifs de campagne ; — et puis des allées et venues, des démarches pour Yves, afin de le retirer de cette Réserve et de le garder sous ma main, prêt à partir avec moi.

Les journées de décembre, très courtes, très sombres, s’enfuyaient vite. Je montais souvent, quatre à quatre, le vieil escalier sordide des Kermadec ; — et Marie, toujours anxieuse des premiers mots que j’allais dire, me souriait tristement, avec une confiance respectueuse et résignée, attendant ma décision.

LXI

En rade de Brest, 23 décembre 1880.

Une nuit de décembre, claire et froide ; — un grand calme sur la mer, un grand silence à bord.