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… Et puis, un beau soir, Yves ne rentrait pas, et c’était à recommencer, il fallait retomber dans ce désespoir.

Cela allait de mal en pis ; le séjour à Brest exerçait sur lui cette même influence qu’il a d’ordinaire sur tous les marins. Maintenant c’était presque chaque semaine ; cela devenait une habitude. À quoi bon espérer ?

Il n’y avait plus d’argent dans leur tiroir. Comment faire ? En emprunter à ces femmes, les voisines, qui de temps en temps buvaient aussi, et qu’elle dédaignait de connaître ; elle en aurait trop honte ! Pourtant elle était à bout de moyens pour cacher sa détresse à ses parents, qui ne savaient rien, eux, et qui s’étaient mis à aimer Yves comme leur vrai fils.

Eh bien, elle le leur dirait, qu’il n’en était pas digne. Une révolte se faisait en elle. Elle le laisserait, cet homme ; c’était trop à la fin, et il n’avait pas de cœur…