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en appuyant sa bouche sur ses petites mains fermées qui débordaient du berceau.

Il était tout à fait dégrisé et c’était fini ; le vrai Yves, mon frère, était revenu ; il y avait comme toujours dans son repentir quelque chose de simple et d’enfantin qui faisait qu’on lui pardonnait sans arrière-pensée et qu’on oubliait tout.

Maintenant il ramassait ses effets par terre, les époussetait et se rhabillait sans rien dire, triste, épuisé, essuyant son front, où une mauvaise sueur froide était venue perler.

… Une heure après, je regardais Yves, qui était posé, avec sa tournure d’athlète, auprès du berceau de son fils ; il venait de l’endormir, en le berçant lui-même, et, peu à peu, progressivement, avec beaucoup de précautions, il arrêtait les balancements de la petite corbeille de chêne, pour la laisser immobile, voyant que le sommeil était bien venu. Ensuite il se pencha davantage pour le regarder de tout près, l’examinant avec beaucoup de curiosité, comme ne l’ayant encore jamais vu, touchant les petits poings fermés, les petits cheveux de souris qui sortaient toujours du petit bonnet blanc.

À mesure qu’il le contemplait, sa figure prenait