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de ces accès de frénésie qui les prend quelquefois on ne sait à quel propos.

Midi. — Le dîner de l’équipage venait de finir ; on avait sifflé : Les tribordais à ramasser les plats ! Et Yves, qui était tribordais à bord de l’Ariane, remontait sur le pont et venait à moi, essayant tout doucement son sifflet, pour s’assurer qu’il marchait toujours bien.

— Oh ! mais qu’est-ce qu’ils ont aujourd’hui, les goélands ? Piauler, piauler… Tout le temps du dîner, avez-vous entendu ?

Vraiment non, je ne savais pas ce qu’ils pouvaient bien avoir, les goélands. Cependant, comme il fallait, par politesse, répondre quelque chose à Yves, je lui racontai à peu près ceci :

— Ils ont demandé à parler à l’officier de quart, qui était précisément moi. C’était pour s’informer de leur petit cousin Pierre Kermadec ; alors je leur ai répondu : « Messieurs, le petit Pierre Kermadec, mon filleul, n’est pas encore né ; c’est trop tôt, repassez dans quelques jours, quand nous serons à Brest. » Aussi, tu vois, ils sont partis. Regarde-les tous qui s’en vont là-bas.

— Vous leur avez répondu tout à fait comme il