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XXXVII

Deux mois plus tard, quand cette Ariane fut prête à partir, le sort voulut que je fusse désigné, moi aussi, à la dernière heure, pour faire partie de son état-major.

XXXVIII

Au moment du départ, je vis cette Marie Keremenen, que j’appréhendais de connaître : c’était une jeune femme d’environ vingt ans, qui portait le costume du village de Toulven, en basse Bretagne.

Ses beaux yeux noirs regardaient clair et franc. Sans être absolument jolie, elle était presque charmante avec son corsage de drap brodé, sa coiffe blanche à grandes ailes, et sa large collerette rappelant les fraises à la Médicis.

Il y avait en elle quelque chose de candide et d’honnête qu’on aimait à regarder. Il me parut que je l’aurais précisément désirée ainsi si j’avais été chargé de la choisir moi-même pour mon frère Yves.