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À mi-chemin, nous entendons de loin sonner l’Angelus derrière nous à Plouherzel. Nous nous croyons en retard, et nous nous mettons à courir, à courir. Nous avons le front baigné de sueur en arrivant à Paimpol.

Nous nous étions trompés ; on avait avancé l’heure de l’Angelus.

Nous trouvons asile dans un cabaret déjà ouvert, où nous déjeunons en compagnie d’Islandais et d’autres frères de la côte.

Et, le soir du même jour, à onze heures, nous arrivons à Brest pour reprendre la mer.

XXIV

J’avais conscience d’avoir accepté une lourde charge en adoptant ce frère insoumis, d’autant plus que je prenais très au sérieux mon serment.

Mais le sort nous sépara le surlendemain et mit bientôt entre nous deux la moitié de la terre.

Yves prit le large dans l’Atlantique, et, moi, je partis pour le Levant, pour Stamboul.