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bu, Jean commença d’une jolie voix haute une chanson de bord que connaissent tous les matelots bretons. Yves et moi, nous chantions les basses, et la vieille mère marquait la mesure avec sa tête et la pédale de son rouet. On n’entendait plus les refrains tristes que le vent chantait tout seul dehors.

La chanson disait :


Nous étions trois marins de Groix,
Nous étions trois marins de Groix,
Embarqués sur le Saint-François.
Il vente !…
C’est le vent de la mer qui nous tourmente.

Pauvre homme, ’l a tombé à la mer,
Pauvre homme, ’l a tombé à la mer,
Les autres étaient bien dans la peine.
Il vente !…
C’est le vent de la mer qui nous tourmente.

Les autres étaient bien dans la peine,
Les autres étaient bien dans la peine.
Ils ont hissé l’pavillon guen (pavillon blanc)
Il vente !…
C’est le vent de la mer qui nous tourmente.

Ils ont hissé l’pavillon guen,
Ils ont hissé l’pavillon guen,