tristes. Il y a de gros nuages qui roulent de la pluie ; en l’air, des averses voyagent. Non, je ne me trouve pas du tout chez moi, dans ce gîte étrange ; j’y éprouve des impressions de dépaysement extrême et de solitude ; rien que la perspective d’y passer la nuit me serre le cœur…
— Ah ! pour le coup, frère, dit Yves, je crois, — je crois fort… que la voilà !!!
Je regarde par-dessus son épaule et j’aperçois — vue de dos — une petite poupée en toilette, que l’on achève d’attifer dans la rue solitaire : un dernier coup d’œil maternel aux coques énormes de la ceinture, aux plis de la taille. Sa robe est en soie gris perle, son obi en satin mauve ; un piquet de fleurs d’argent tremble dans ses cheveux noirs ; un dernier rayon mélancolique du couchant l’éclairé ; cinq ou six personnes l’accompagnent… Oui, évidemment c’est elle, mademoiselle Jasmin… ma fiancée qu’on m’amène !!…
Je me précipite au rez-de-chaussée, qu’habitent la vieille madame Prune, ma propriétaire, et son vieux mari ; — ils sont en prières devant l’autel de leurs ancêtres.
— Les voilà, madame Prune, dis-je en japonais,