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MADAME CHRYSANTHÈME

teur ; des mains maigres me labourent d’une manière posée et automatique.

Enfin l’œuvre est terminée, — et les tatoueurs, qui se reculent d’un air de satisfaction pour mieux voir, déclarent que ce sera charmant.

Bien vite je m’habille pour aller à terre, — profiter de mes dernières heures de Japon.

Une chaleur torride aujourd’hui ; un de ces grands soleils de septembre qui tombent avec une certaine mélancolie sur les feuilles commençant à jaunir, qui sont clairs et brûlants après des matinées déjà fraîches.

Comme hier, c’est pendant l’accablement de midi que je monte dans mon haut faubourg, par des sentiers vides, où il n’y a que de la lumière et du silence.

J’ouvre sans bruit la porte de ma maisonnette ; je marche à pas de loup, avec des précautions extrêmes, par peur de madame Prune.

Au bas de l’escalier, sur les nattes blanches, à côté des petits socques et des petites sandales qui traînent toujours dans ce vestibule, il y a tout un bagage prêt à partir, que je reconnais du premier coup d’œil : de gentilles robes sombres, qui me