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III


Il pleuvait par torrents le lendemain ; une de ces pluies d’abat, sans trêve, sans merci, aveuglante, inondant tout ; une pluie drue à ne pas se voir d’un bout du navire à l’autre. On eût dit que les nuages du monde entier s’étaient réunis dans la baie de Nagasaki, avaient pris rendez-vous dans ce grand entonnoir de verdure pour y ruisseler à leur aise. Et il pleuvait, pleuvait ; il faisait presque nuit, tant cela tombait épais. À travers un voile d’eau émiettée, on apercevait encore la base des montagnes ; mais quant aux cimes, elles étaient perdues dans les grosses masses sombres qui pesaient sur nous. On voyait des lambeaux de