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MADAME CHRYSANTÈME

Lui, avec sa tonsure, sa longue robe et les grosses coques de sa ceinture de soie. Et ils nous regardent tous deux, inquiets de savoir comment nous allons prendre leur équipée.

Mon Dieu, je n’ai nulle envie de leur faire mauvais accueil ; au contraire, leur apparition m’amuse. Je trouve même très gentil de la part de Chrysanthème cette façon d’être revenue et cette idée d’avoir apporté Bambou-San à la fête, bien que ce soit assez peuple, à vrai dire, de se l’être attaché sur le dos, comme font les pauvresses nipponnes pour leurs petits…

Allons, qu’elle s’asseye entre Yves et moi ; qu’on lui serve de ces haricots à la grêle qu’elle aime tant. Puis, prenons sur nos genoux le beau petit mousko et qu’il mange, à sa discrétion, des bonbons et du sucre.


La soirée finie, quand il s’agit de redescendre, de nous en aller, Chrysanthème replace son petit Bambou à cheval sur son dos et se met en marche, toute fléchie en avant sous ce poids, toute courbée, traînant péniblement ses socques de Cendrillon sur les marches de granit et les dalles… Oui, bien