que madame Prune, après son dîner, avait été prise de pâmoisons et de vapeurs…
Vite, la toilette des mousmés. Chrysanthème est déjà prête. Oyouki change de robe à la hâte, s’habille de gris souris, me prie d’arranger le nœud bouffant de sa belle ceinture, — qui est en satin noir doublé de jaune orange, — et plante, bien haut dans ses cheveux, un pompon d’argent. Nous allumons nos lanternes au bout de bâtonnets ; M. Sucre remercie pour sa fille, remercie à n’en plus finir, nous reconduit, tombe à quatre pattes sur sa porte, — et nous nous éloignons assez gaîment, dans la nuit transparente et douce.
En effet la ville, en bas, est dans une animation de grande fête. Les rues sont pleines de monde ; la foule passe, — comme un flot rieur, capricieux, lent, inégal, — mais s’écoule tout entière dans la même direction, vers un but unique. Il en sort un bourdonnement immense mais cependant léger, où dominent le rire et les formules polies que l’on échange à voix basse. Des lanternes et des lanternes… De ma vie, je n’en avais tant vu, ni de si bariolées, ni de si compliquées, de si extraordinaires.