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Les murs n’avaient plus d’angles ; il n’y avait plus de saillies nulle part ; on ne savait plus quelles fleurs de pierre ni quels enroulements d’arabesques les artistes d’autrefois avaient voulu représenter aux chapiteaux des colonnes, aux frises des terrasses ; des couches de chaux, amassées depuis des siècles, embrouillaient tout dans des rondeurs vagues. De petites ouvertures se dissimulaient çà et là dans l’épaisseur des murailles, conduisant à des recoins pareils à des oubliettes ; ces ouvertures n’avaient plus forme de porte, tant elles étaient usées par l’âge, et on eût dit de ces creux que font les bêtes pour entrer dans leurs demeures sous terre. Seulement c’étaient des tanières blanches, toujours blanches ; la chaux immaculée les recouvrait comme d’une onctueuse couche de lait, et tout se confondait dans ses blancheurs molles.

Les marches et les dalles paraissaient toutes gondolées, tant les babouches et les