d’ici pour concentrer sur la Mandchourie leur effort.
Au crépuscule, passé devant les ruines d’un village où des Russes s’installent en campement pour la nuit. D’une maison abandonnée, ils déménagent des meubles sculptés, les brisent et y mettent le feu. En nous éloignant, nous voyons la flamme monter en gerbe haute et gagner les sorghos voisins ; longtemps elle jette une lueur d’incendie, derrière nous, au milieu des grisailles mornes et vides du lointain. Elle est sinistre, cette première tombée de nuit sur notre jonque, dans la solitude si étrangère où nous nous enfonçons d’heure en heure plus avant. Tant d’ombre autour de nous, et tant de morts parmi ces herbages ! Dans le noir confus et infini, rien que des ambiances hostiles ou macabres… Et ce froid, qui augmente avec l’obscurité, et ce silence !…
L’impression mélancolique cependant s’évanouit au souper, quand s’allume notre lanterne chinoise, éclairant le sarcophage que nous avons fermé le mieux possible au vent de la nuit. J’ai