Depuis deux ou trois jours, dans cette mer Jaune, nous nous sommes avancés par un beau temps de septembre. Hier et avant-hier, des jonques aux voiles de nattes ont croisé notre route, s’en allant vers la Corée ; des côtes, des îles nous sont aussi apparues, plus ou moins lointaines ; mais en ce moment le cercle de l’horizon est vide de tous côtés.
À partir de minuit, notre allure a été ainsi ralentie afin que notre arrivée — qui va s’entourer de la pompe militaire obligatoire — n’ait pas lieu à une heure trop matinale, au milieu de cette escadre où l’on nous attend.
Cinq heures. Dans la demi-obscurité encore, éclate la musique du branle-bas, la gaie sonnerie de clairons qui chaque matin réveille les matelots. C’est une heure plus tôt que de coutume, afin qu’on ait assez de temps pour la toilette du cuirassé, qui est un peu défraîchi d’aspect par quarante-cinq jours passés à la